Bonjour à tous, je vais vous présenter aujourd'hui l'interview de Julie Deh dont j'ai lu Comme un oiseau, il y a peu. Elle participe aux Plumes Francophone. Interview très intéressante. Je vous invite à poser vos questions en commentaire, je transmettrais.
1°)
Bonjour Julie Deh, pourriez-vous vous présenter en quelques phrases
à mes lecteurs ? D’où venez-vous ? Profession ?
Passions ? Auteurs préférés ? Romans préférés ?
Bonjour
Zélie. Pour résumer, on pourrait dire « 40 ans, mariée, 2
enfants » ! J’habite à Paris, et je suis
conceptrice-rédactrice freelance, c’est-à-dire que je mets ma
vocation pour l’écriture au service de campagnes de communication.
J’ai deux passions : le cinéma et l’écriture, et bien
entendu la littérature car je ne conçois pas l’une sans l’autre.
Mes lectures sont très éclectiques, mais avec toujours une exigence
sur le style. Je supporte assez mal de lire des textes très
formatés, très lisses et sans aspérités, sans âme en somme.
Parmi mes auteurs de référence il y a eu Philippe Djian pendant
longtemps, un peu moins maintenant quoique son dernier roman
(Marlène), m’ait agréablement surprise. Sinon la liste
compte aussi bien John Fante dont il faut lire « Demande à la
poussière » ou « Mon chien stupide » notamment, et
mieux encore son fils Dan Fante. Joseph Roth – merveilleux auteur
autrichien de « La marche de Radetzky » au début de XXè
siècle. Lydie Salvayre, dont j’adore le style et la drôlerie,
comme l’inimitable Richard Brautigan avec « Un privé à
Babylone » par exemple… La noirceur et la plume aride de
Leïla Slimani m’ont récemment fascinée également, sans que je
puisse dire que je m’en sente proche. Je suis en train de lire tout
Maupassant qui m’inspire une admiration sans borne : il est
d’une modernité folle, sans parler de l’incroyable finesse de sa
plume. « Une vie », « Bel Ami » mais pas que,
tout est à lire. En poésie, c’est Verlaine qui me touche le plus.
Victor Hugo aussi, même si je connais moins.
2°)
Pourriez-vous présenter vos deux écrits ?
Ah
s’il n’y en avait que deux ! J’ai des tas de poèmes,
nouvelles, romans en stock, car j’ai toujours écrit. Mais il est
vrai que j’ai seulement autoédité deux ouvrages. Le premier « A
force d’être seuls on se tient compagnie » est un recueil de
nouvelles. Je l’ai publié fin 2016, à la fois pour donner une
existence plus réelle à ces textes qui dataient d’une dizaine
d’années et que j’ai été étonnée de pouvoir relire encore
avec plaisir, et aussi pour me confronter au processus de
l’autoédition. C’était un coup d’essai disons. Je n’ai pas
beaucoup communiqué dessus, ce qui est indispensable si l’on veut
donner une chance à un livre autoédité de trouver un lectorat.
Mais ces nouvelles, même plaisantes, étaient devenues trop
éloignées de moi pour que j’aie suffisamment l’envie et
l’énergie de les défendre. « Comme un oiseau » en
revanche, mon deuxième livre publié fin août donc, est un roman
qui me tient particulièrement à cœur et j’entends bien faire
tout mon possible pour qu’il trouve ses lecteurs. Je l’assume et
le revendique totalement.
3°)
Comment vous est venue l’idée d’écrire « Comme un
oiseau » ?
J’avais
terminé depuis quelques mois l’écriture d’un autre roman, une
sorte de polar atypique qui est pour l’instant non publié mais ça
viendra peut-être, et l’envie de reprendre la plume me titillait
depuis quelques semaines. Je me suis levée un matin avec l’idée
d’écrire une histoire aux contours de conte ou de fable, mettant
en scène des personnages aux caractéristiques animales. J’ai
commencé à écrire et le texte a coulé tout seul, la tonalité et
le rythme se sont imposés d’eux-mêmes. Je l’ai terminé en six
mois. Cela peut sembler beaucoup à certains, peut-être, mais c’est
peu pour moi. Avec un travail et deux jeunes enfants, le temps pour
écrire me manque souvent. Cerise Loiseau est née à la faveur d’une
période d’activité allégée : d’une certaine façon je
peux dire merci à la conjoncture économique du moment !
4°)
Pourquoi l’avoir inscrit aux Plumes Francophones ?
J’avais
déjà proposé le manuscrit à quelques éditeurs, et reçu des
refus types comme tout le monde, mais aussi deux ou trois retours
encourageants, précieux pour me conforter dans ma démarche.
Néanmoins démarcher les éditeurs est long, coûteux et laborieux,
et l’expérience de mon recueil de nouvelles m’avait montré que
l’autoédition peut être un moyen de donner une existence
« officielle » à un ouvrage, de le faire lire aisément
à son entourage et même au-delà si on s’en donne les moyens. Le
règlement des Plumes Francophones n’était pas clair sur les
conditions d’attribution du Prix du Jury, j’avais l’espoir que
les textes soient tous au moins survolés, mais j’ai lu depuis que
même ce Prix du Jury prend en compte la popularité des livres pour
sélectionner ceux qui seront lus. Autrement dit les ventes, les
notes, les avis… Je ne suis pas une pro, ni une fan, des réseaux
sociaux et de cette espèce de "dictature" de la popularité
virtuelle, et avec une inscription en urgence, dans les tout derniers
jours d’août, sans plan de communication anticipé, je réalise
que je me suis lancée un peu comme une fleur ! Mes chances
d’être lue par le Jury sont infimes, j’en ai bien conscience,
mais peu importe : désormais le livre existe, et je vais
poursuivre la communication pour lui donner une chance de trouver de
nouveaux lecteurs. Certains retours très positifs m’y encouragent
déjà.
5°)
Avez-vous des habitudes d’écriture, des rituels ou des manies ?
Je
n’ai pas d’habitude à proprement parler, sinon celle d’écrire
à l’ordinateur, sur mon bureau ou assise sur mon lit, et de
retravailler le texte autant qu’il le faut. A part ça, je n’aime
pas les rituels, ni les manies. L’écriture est quelque chose de
très naturel chez moi, depuis toujours, ça vient comme ça vient,
quand ça vient. Je me laisse porter, je ne fais pas de plan, très
peu de recherches, ça tient plutôt de la rêverie, de l’inspiration
qui veut bien me souffler l’histoire et les personnages. Une fois
que les bases sont là, ça finit toujours par avancer, même si cela
ne coule pas toujours par magie. L’écriture demande beaucoup de
temps et de travail, de persévérance, et peut s’accompagner aussi
de doutes et de frustrations – quand ça ne « vient »
pas justement, quand je n’arrive pas à mettre le doigt sur la
musicalité qui doit porter le texte, et plus encore quand je n’ai
pas la disponibilité d’esprit ou le temps qu’il faudrait y
consacrer. Mais c’est avant tout un besoin, et un incomparable
plaisir !
6°)
Un dernier mot pour inciter mes lecteurs à aller vous lire ?
Dernièrement,
« Comme un oiseau » a conquis des lecteurs très
différents. Notamment un homme de 36 ans, une femme de 50 ans, et
une veuve de 67 ans – véridique, comme Cerise Loiseau ! Ces
trois lecteurs m’ont tous dit avoir apprécié le travail du style,
la fraîcheur du ton, l’émotion et les valeurs véhiculées par
l’histoire. Ils m’ont fait les plus beaux compliments dont
j’aurais pu rêver. Je ne dis pas que « Comme un oiseau »
doit ou peut plaire à tout le monde, pour certains il faudra
peut-être apprivoiser la musicalité du texte, quand pour d’autres
elle sonnera tout naturellement. Mais c’est en tout cas un roman
qui aborde des thèmes à la fois intimes et universels, l’amour
qui dure, le temps qui passe, la vie qui secoue, et je pense qu’il
peut toucher une grande variété de lecteurs, de tous âges. Et puis
c’est un texte que j’ai voulu foncièrement bienveillant et
empathique. Un commentaire sur Amazon conclut « A tous ceux en
quête de liberté, d’amour et de rêve ». Je ne l’aurais
pas mieux dit !
Merci beaucoup à Julie Deh pour la lecture de son livre et pour le temps pris pour répondre à cette interview !
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-Zélie-